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La Villa Martel : Une Chronique d'Obstacles Administratifs et d'Efforts de Sauvegarde
La Villa Martel, emblème d’un riche passé patrimonial et architectural, symbolise aujourd’hui les difficultés rencontrées pour protéger et valoriser des sites historiques. Bien que son déclin résulte de multiples facteurs, les initiatives récentes des propriétaires pour sécuriser et réhabiliter le site témoignent d’une volonté de préserver ce patrimoine unique, malgré des obstacles administratifs complexes.
Une démarche pour sécuriser un site en péril
Consciente de l’état de la Villa Martel et de sa valeur patrimoniale reconnue par des rapports d’expertise récents, la dernière génération de propriétaires a entrepris des démarches pour sécuriser la propriété, conformément à l’article 647 du Code civil. Ce texte stipule que tout propriétaire a le droit de clore sa propriété, sous réserve du respect des règles d’urbanisme locales.
Face aux particularités du site – son histoire, sa localisation et son potentiel architectural – le propriétaire a sollicité début 2024 l’aide des services de l’urbanisme de Saint-Raphaël pour accompagner cette démarche dans les meilleures conditions possibles. Cependant, contrairement aux principes annoncés sur la page officielle de la ville, aucune collaboration constructive n’a été proposée, laissant le propriétaire sans soutien dans la mise en œuvre de son projet.
Validation du projet par des experts patrimoniaux
Devant ce premier refus d’accompagnement, le propriétaire a entrepris une concertation avec l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), autorité compétente pour évaluer les projets impliquant des sites historiques. Cette étape, marquée par des discussions approfondies et des ajustements rigoureux, a abouti à une validation du projet par l’ABF.
Fort de cet avis favorable, un dossier complet a été préparé avec l’appui d’un architecte spécialisé et soumis aux services de l’urbanisme de Saint-Raphaël. Pourtant, malgré cette validation préalable, la demande a fait l’objet d’un nouveau refus, justifié par des arguments considérés comme contradictoires et discutables par le propriétaire.
Refus de clôture 2024
Un blocage administratif pointé du doigt
Cette situation a conduit le propriétaire à saisir le tribunal administratif pour contester cette décision, en mettant en avant plusieurs points clés :
- La cohérence du projet, validé par une autorité reconnue comme l’ABF.
- Le droit fondamental de sécuriser une propriété privée, conformément au cadre juridique existant.
- Le manque d’accompagnement et d’ouverture à la concertation, pourtant promis par la collectivité.
Ce recours interroge sur la logique derrière ce blocage systématique :
- Pourquoi rejeter un projet soutenu par des experts du patrimoine ?
- Pourquoi refuser d’accompagner une démarche respectueuse des règles d’urbanisme et des contraintes patrimoniales ?
- Comment expliquer cette opposition alors même que la sécurisation du site apparaît comme une nécessité évidente pour freiner sa dégradation, éviter des accidents et protéger le massif de l’Esterel d’un éventuel départ de feu ?
Refus de clôture 2024 : Une contradiction dans les engagements officiels
Les actions administratives semblent en contradiction avec les engagements annoncés par la mairie. Sur sa page officielle, la collectivité affirme accompagner les projets citoyens pour la clôture et la sécurisation des propriétés. Pourtant, dans le cas de la Villa Martel, le manque d’assistance initiale, suivi d’un refus formel malgré des validations d’experts, soulève des questions sur la cohérence de ces engagements, leur application dans les faits et ou l’équité dans le traitement des demandes des administrés
Le refus du raccordement : une justification contestable
L’un des principaux arguments avancés pour refuser toute réhabilitation de la Villa Martel repose sur l’absence de raccordement aux réseaux d’eau et d’électricité. Présentée comme un obstacle majeur, cette justification apparaît pourtant discutable au regard de faits concrets :
- Travaux à proximité immédiate : Lors de la réalisation de raccordements pour une propriété voisine, située à seulement quelques dizaines de mètres, les propriétaires de la Villa Martel ont demandé que leur terrain soit également pris en compte.
- Proximité des infrastructures : Les travaux existants impliquaient déjà le passage des conduites et câbles nécessaires le long de la route qui borde le terrain. Cela rendait l’opération techniquement simple et économiquement viable.



1997 1028 - EDF Possibilité de raccordement au réseau
2005 0517 - Demande de raccordement eau potable
Malgré ces conditions favorables, la demande de raccordement n’a pas été acceptée. Une décision difficile à comprendre, tant elle entre en contradiction avec les possibilités techniques avérées et les principes d’équité.
L’héritage d’Édouard-Alfred Martel : une ironie historique
L’injustice de cette situation prend un relief particulier lorsqu’on se rappelle le rôle essentiel joué par Édouard-Alfred Martel, premier propriétaire du terrain, dans l’histoire de la région :
- La route de la Corniche d’Or : Édouard-Alfred Martel, explorateur et visionnaire, a non seulement participé au tracé des premières cartes nécessaires à la réalisation de cette route, mais il a également cédé gratuitement une partie de son terrain pour permettre son passage.
- Un développement régional facilité : Grâce à cette initiative, la Corniche d’Or est devenue une infrastructure incontournable, facilitant le développement économique, touristique et résidentiel de la région.
Ironiquement, les propriétaires actuels de la Villa Martel – descendants d’un héritage qui a contribué au développement régional – se voient refuser des droits essentiels tels que le raccordement à l’eau et à l’électricité, pourtant situés à quelques mètres seulement. Cette situation met en lumière un paradoxe historique criant : la région bénéficie toujours des contributions d’un visionnaire, mais son héritage direct reste ignoré et bloqué.
Un potentiel patrimonial et une opportunité manquée
La Villa Martel représente bien plus qu’un simple terrain en attente de réhabilitation :
- Un patrimoine architectural : Des recherches et rapports d’experts ont confirmé la valeur historique et architecturale de la villa. Elle s’intègre parfaitement dans le paysage de l’Estérel et demeure un témoin précieux d’une époque révolue.
- Un potentiel touristique et culturel : Avec des infrastructures adéquates, le site pourrait devenir un lieu emblématique alliant histoire, culture et développement local, tout en honorant la mémoire d’Édouard-Alfred Martel.
Refuser sa réhabilitation, sous couvert de justifications techniques discutables, prive non seulement les propriétaires, mais également la collectivité d’une opportunité de valoriser son patrimoine.
Un appel à une solution équitable et constructive
La situation actuelle de la Villa Martel appelle à une réflexion pragmatique et à un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes. Il s’agit de dépasser les blocages actuels et de prendre en compte les faits avérés :
- La proximité immédiate des réseaux rend le raccordement techniquement réalisable.
- L’importance historique de la Villa Martel justifie pleinement une démarche de réhabilitation.
- La reconnaissance des contributions passées d’Édouard-Alfred Martel appelle un traitement respectueux et équitable de ce patrimoine.
Conclusion : Restaurer un symbole de l’histoire locale
La Villa Martel incarne un morceau de l’histoire de Saint-Raphaël et de l’Estérel. Restaurer ce site, en facilitant son raccordement et sa réhabilitation, serait un geste à la fois historique, patrimonial et collectif. Il est temps de reconnaître l’importance de ce lieu, d’honorer l’héritage d’Édouard-Alfred Martel et de permettre à la Villa Martel de redevenir un symbole de mémoire préservée et de développement raisonné pour les générations futures.